jeudi 10 juin 2010

Coupe du monde 2010: l'heure de l'Afrique a-t-elle sonné?

Depuis une bonne dizaine années, le football africain, ou du moins les équipes nationales africaines, semblent de moins en moins destinées à faire de la figuration, avec de nombreux joueurs éclaboussant de leur talent les plus grands championnats européens. D'autre part, en cette année 2010, on va enfin assister à une coupe du monde se déroulant sur le continent noir. Cela fait penser à certains que, cette fois, toutes les conditions sont réunies pour que l'Afrique du football brille enfin sur la scène internationale... Utopie?

Mon cœur a envie de dire non, il espère voir une ou plusieurs équipes africaines enfin inverser les rôles, domestiquer leurs anciens maîtres du ballon rond. Mais ma raison se veut moins optimiste... Si la dernière coupe d'Afrique ne peut servir d'étalon pour mesurer le niveau du football africain à l'aune de la prochaine Coupe du monde, il faut bien admettre qu'elle ne fut pas rassurante, alors même qu'elle s'annonçait particulièrement prometteuse. Le Cameroun et la Côte d'Ivoire, pourtant sur le papier impressionnants, n'ont pas montré grand chose. Quand au Ghana et au Nigéria, ils n'ont pas été vraiment décevants, mais ils n'ont pas surpris dans le bon sens non plus. Les Fennecs, eux, ne m'ont pas non plus convaincus, ayant presque manqué de s'arrêter au stade des poules (derrière l'Angola et à égalité de points avec le Mali)... Mais, je le répète, ce serait une erreur de ne se fier qu'à cette dernière Coupe d'Afrique que certains semblent avoir négligée en vue précisément du Mondial. Je garde donc espoir!

Dans ce post, je propose de parler de deux de ces équipes, pour moi les deux plus belles équipes africaines à voir jouer. J'ai nommé les éléphants et les lions indomptables. C'est aussi peut-être les deux équipes qui ont le meilleur potentiel (n'en déplaise à nos voisins et amis algériens ;-) ).

La Côte d'Ivoire, le Brésil d'Afrique

Une équipe bourrée de talents, mais comme en 2006, la bande à Drogba aura fort à faire dans son groupe puisqu'elle devra se farcir le Brésil et le Portugal (la troisième équipe, la Corée du Nord, semble être condamnée à ne prendre aucun point, en espérant que les éléphants - parfois un peu "naïfs" dans leur jeu - ne se laissent pas surprendre...). Lors de la dernière Coupe du Monde, dans le "groupe de la mort", elle avait réellement fait bonne figure face à l'Argentine et aux Pays-Bas, mais n'avait pris aucun point contre ces deux ténors (deux fois 1-2), elle était par contre venue à bout de la Serbie-et-Monténégro. J'espère réellement que ce scénario ne se reproduira pas! Cette année aussi, la Côte d'Ivoire affrontera la proie la plus facile lors du dernier match, les deux premiers matchs seront donc déterminants, il faudra qu'elle soit au top dés le départ, ce qui ne sera pas facile vu les chamboulements récents qu'elle a vécu, Vahid Halilhodžić (un mauvais choix) ayant été limogé fin février et Sven Göran Ericksson l'ayant remplacé seulement fin mars... A vrai dire, le premier match contre le Portugal s'avèrera selon moi décisif: une défaite serait synonyme d'élimination pure et simple, c'est certain! Au contraire, une victoire serait plus que probablement synonyme de qualification. Seul un match nul laisserait subsister une incertitude.

L'un des problèmes majeurs ayant miné le collectif ivoirien à la dernière CAN, fut l'égo sur-dimensionné de certaines de ses vedettes et ses problèmes de clan. Ericksson a donc notamment pour tâche de résoudre ces problèmes d'égo et de clan, relevant de la psychologie de groupe (au combien capitale dans une telle compétition!).

Un autre point essentiel sur lequel il doit se pencher, est la défense ivoirienne, manquant cruellement de rigueur.

Dans les cages, Copa Boubacar est un gardien capable des réflexes les plus incroyables, mais parfois peut-être un peu trop fantasque pour un gardien? Il est numéro un depuis l'après mondial 2006, mais a connu pas mal de difficultés cette saison dans son club belge (Lokeren). Il manque un peu de régularité, mais espérons que ce premier mondial comme titulaire le conduira à se surpasser!

Comme dans les autres secteurs de jeu, les Éléphants ne manquent pas de talent en défense (sur le papier, c'est probablement la meilleure défense africaine). Pour ne citer que quatre noms: Kolo Touré (Manchester City, 5ème en Premier League), Eboué (Arsenal), Demel (demi-finaliste de l'Europa League avec Hambourg) et le latéral de poche très rapide Boka (Stuttgart)...

Au milieu, Ericksson attendra du "Maestro", Didier Zokora (FC Séville), qu'il apporte un soutien important à cette défense fragile et parfois très portée sur l'offensive. On ne peut qu'espérer que le grand et hyper talentueux Yaya Touré reproduise enfin ses performances barcelonaises (tout en mettant son ego de côté...). Tant à la récupération qu'à la construction, Yaya est une perle que même le Brésil ou l'Espagne doivent envier. Sur le flanc, le petit Bakary Koné nous a habitué à de très belles choses à Marseille (champion de France, enfin!), capable d'affoler toute une défense à lui tout seul (comme Boka, il est petit et rapide). Kader Keita (Galatasaray), gabarit plus imposant, est également un excellent ailier. Cheik Tioté, s'il devrait être barré par Yaya, n'en demeure pas moins un remplaçant de luxe au poste de milieu défensif. ENCORE UN qui a largement contribué au succès de son club européen (Twente, surprenant champion des Pays-Bas).

And last but not least... En pointe, on a le superbe duo londonien, Drogba-Kalou (Chelsea, champion d'angleterre).

Bref, cette génération dorée DOIT montrer quelque chose au Mondial, groupe de la mort ou pas groupe de la mort. Rigueur défensive (y compris de la part des médians, évidemment) et primat du collectif sur les individualités (c'est aussi pour régler ausis ces deux problèmes qui ont poussé la fédération ivoirienne a enrôlé, à mon grand regret, le général Vahid), voilà les deux grands défis à relever pour cette Dream team africaine!

MAJ: aïe aïe... Drogba gravement blessé, si il ne se remet pas, ça va vraiment être dur...

Le Cameroun

Ah le Cameroun... ils ont embelli le mondial italien en 1990, ils ont ravi les supporters neutres en allant même surprendre des argentins malgré deux exclusions dans les poules. Avec ce Milla déjà très vieux mais si souvent décisif... Si la bande à Eto'o pouvait rééditer la perf' de 1990 (quarts de finale, sortie par la grande porte contre l'Angleterre de Lineker), ce serait déjà pas mal. Et c'est possible! Pour cela, il faudra d'abord se défaire d'au moins deux des trois équipes suivantes: les Pays-Bas, le Danemark et le Japon. Un groupe assez corsé également, donc. Le Danemark et les Pays-Bas ont réalisé d'excellents éliminatoires. Probablement que la deuxième place se jouera entre les Vikings et les Lions indomptables. Gare cependant aux petits Japonais, dont personne ne se méfie mais qui ont pas mal de talent et un jeu en passes courtes et rapides qui peut s'avérer déstabilisant. Depuis un an, cependant, ils n'ont plus prouvé grand chose en match amical comme lors de la Coupe d'Asie de l'est.

Les Camerounais ont réalisé une piètre CAN et ont des problèmes devant le but. Ils disposent cependant d'un solide capital athlétique et avec Eto'o (champion d'Europe avec l'Inter Milan) en attaque et A. Song (Arsenal) au milieu défensif, ils ont deux solides piliers.

Malgré quelques difficultés, Paul Le Guen fait selon moi du bon boulot, il est l'homme de la situation.

Au gardien, Kameni (Espanyol Barcelone) est en en principe l'un des meilleurs, si pas le meilleur gardien africain. C'est le n°1 incontestable depuis qu'il a 20 ans (il en a désormais 26) mais il sort d'une CAN très moyenne. Je pense cependant que lors d'un tel évènement, il saura se reprendre et être à la hauteur de son très grand talent.

En défense, les Lions indomptables pourront compter sur l'expérience de Geremi, actuellement en Turquie mais qui est passé par des clubs aussi prestigieux que le Real et Chelsea. Sa polyvalence pourrait aussi s'avérer très utile au Cameroun. En défense centrale, on devrait voir évoluer la paire française Mbia (Marseille)-Nkoulou(Monaco). Ce dernier, un gamin qui a fêté ses 20 ans il y a à peine plus de trois mois, a été l'un des rares à faire une bonne CAN. A l'arrière gauche, Assou-Ekkoto (Totenham) n'a pas participé à la mauvaise CAN des Lions à cause d'une vilaine blessure, mais il est maintenant bien remis et a contribué à la très bonne fin de saison des Spurs (quatrième en Premier League). Une valeur sûre!

Dans le 4-3-3 qu'affecte Le Guen, Alexandre Song, malgré son jeune âge, aura un rôle décisif, à la récupération mais aussi à la relance. A ses côté, Makoun, travailleur infatigable, est également une valeur sûre de l'entrejeu. S'il a aidé Lyon à atteindre le dernier carré en Champion's League, il a globalement réalisé une saison en demi-teinte. On devrait également voir jouer le jeune Mandjeck (Stuttgart) - pouvant aussi évoluer à l'arrière droit - , qui a encore beaucoup de chose à prouver mais qui a une grosse marge de progression.

A l'attaque, la fusée Eto'o est prête au décollage. Le capitaine est animé d'une immense rage de vaincre, au point même de manquer de respect au grand Milla... Dommage cependant que sur l'aile, en 4-3-3, son instinct de buteur ne soit pas pleinement exploité. A ses côtés, Webo (Bétis Séville), Emana (Majorque) et éventuellement le grand Idrissou (Fribourg) devront l'aider à résoudre les problèmes offensifs du Cameroun.

Bon, les dés sont lancés, allez les gars, barrissez, rugissez, étonnez-nous, emportez-nous!